
Neuvième jour : Ouagadougou-Niamey Nous partons vers Niamey (Niger). Nous sommes levées à 4 heures du matin. Il fait nuit. Nous franchissons un pont. Le jour se lève. Le soleil est rouge, sur le Sahel. Heidi dit: - Ce soir tu dors avec nous? Fanta répond pour Rahama : - Non, elle dort chez son mari. - C'est quoi, l'oiseau qui vient de passer? - Un corbeau. Chez nous, ils ont le cou blanc. Fanta vient d'apprendre à conduire. Elle s'enlise dans un trou. Clémence de Dieu prend le volant. Des nuages de poussière comme des ouragans naissent sur la route. Je vais faire pipi. Fanta dit : - Chez nous, il faut prendre de l'eau. - I1 n'y a pas de papier? - Nous préférons l'eau, c'est plus propre. A l'arrêt suivant, elle part avec sa bouteille. Rahama dit : - Je n'ai jamais appris à conduire. Je prenais la voiture, pendant que mon mari faisait la sieste, et je roulais dans le quartier. Le bruit a couru au départ que des Africaines avaient acheté leur permis. - Allez, en route camarade. - Tout ça, c'est fini. Chez nous, plus de camarade, plus de révolution. Quelques renseignements sur le Niger: - Superficie : deux fois la France. - Hydrographie: fleuve Niger long de 4 200 km dont 500 km au Niger; affluents: Tapoa, Mekrou, Sirha, etc. ; lac Tchad, Komadougou Yobé; mares de Marafounda, d'Abelak et Guidimouni, etc. - Population : six millions d'habitants; neuf ethnies : Maoussa, Djerma, Peulh, Tamacheck, Kamouri, etc. - Principales villes : Niamey (600 000 habitants), Zinder, Maradi, Agadès, Tahoua, Dosso, Mifa. Nous prenons de l'essence. Fanta rapporte du tamarin : - Quel goût ça a? - C'est acide comme une pomme verte. Tu le manges, et tu es purgée. Normalement c'est sur l'arbre, mûr et marron. Des enfants s'approchent, réclament des adresses, de l'argent, des Bic. Ils disent : - Cadeau, cadeau. Fanta dit : - Allez ouste! bande de sauvages. Est-ce que c'est comme ça qu'on vous éduque au Burkina? Est-ce que vous êtes mendiants, est-ce qu'il vous manque un pied, un oeil, est-ce que vous ne pouvez pas aller à l'école? I1 y a des nénuphars sur une mare. Clémence de Dieu dit : - J'aime les nénuphars. Fanta dit : - On fait de l'huile avec. Les racines on s'en sert pour faire boire le jus aux enfants en cas de rougeole. Il y a souvent des épidémies. L'Allemande reprend le volant, heureusement. Je dis : - Salut tamarinier. Fanta dit : - Et s'il te répond, qu'est-ce que tu feras? - Mais il m'a répondu. Heidi dit : - Tu parles sa langue? - Oui. Nous entrons dans le Sahel désertique. Le soleil est effrayant, la chaleur aussi et la poussière. Nous avons peur de nous être trompées de direction. L'angoisse nous tombe dessus. Après de longues minutes, une voiture nous remet dans le droit chemin. Des troupeaux de zébus passent de temps à autre. Il y a aussi des chèvres bicolores. Un berger joue de la flûte en bois de kamchari. Nous déjeunons dans les jardins du préfet, à l'ombre. Une des Congolaises éclate en sanglots; elle vient de se disputer avec sa coéquipière. L'Antillaise en me mettant des vitamines dans mon eau minérale dit : - Je suis fatiguée. Je tremble. La Tchadienne n° 2 a une irruption de boutons. Nous arrivons à la frontière du Niger. Il faut à nouveau remplir des imprimés. On nous accueille avec des libations : un grand bol d'eau, un bol de mil pilé dans lesquels nous trempons nos lèvres. Quatre cachets blancs par personne sont distribués : - Pourquoi? - I1 y a des épidémies. - De quoi? On prononce les mots de choléra, dysenterie, bilharziose. Je n'ai pas eu le temps de me faire vacciner contre le choléra, à cause de la durée qui doit séparer ce vaccin de celui de la fièvre jaune. Je me demande ce que je suis venue faire ici. La journaliste suisse a abandonné aujourd'hui (ainsi que la Hollandaise). Le titre de son papier était : « Sainte-Sarah au Ghana. » |